mysteriouseve
هنا، ألوذ في هدأة هذا الليل براحةٍ من قيظ النّهار. هنا، أحوك في الفكر خواطر، وأولّد على الشّفة بنات. هنا، ابتسامات حنين ترجّع صدى طفولةٍ نائية، وقصص حبّ طواها الزّمن. هنا، حلمٌ بغدٍ أجمل
Lettre d'une mère
Je suis sûre que tous ceux qui ont reçu ce texte l'ont, comme moi, gardé précieusement. Il y en a même qui disent avoir eu les larmes aux yeux. Voici pourquoi:

Lettre écrite par la mère de Joseph à son fils qui veut quitter le Liban. Jamais des paroles n'ont su mieux résumer ce pays.

"Pour les premières amandes vertes que l'on croque, trempées de sel, et qui sonnent le glas de l'hiver,

Pour l'arbuste du balcon que l'on croyait mort et qui refleurit inexplicablement en décembre,

Pour le grincement familier de la balançoire sur laquelle on s'assoupit, enivrés de soleil, dans le chant des cigales,

Pour la chanson séculaire du marchand ambulant dont on essaye en vain, depuis l'enfance, de comprendre les paroles,

Pour cette Vierge Kitsch que des mains naïves ont parée de fleurs de pacotille et qu'on découvre, immobile dans sa grotte, au détour d'un sentier de montagne,


Pour les klaxons "sauvages" d'un mariage d'été qui nous précipite pourtant tous au balcon pour voir si la mariée est belle,

Pour ce chauffeur de taxi plutôt beau gosse qui nous fait le cadeau d'un clin d'oeil complice sous le pont de Dora,

Pour ces tribus de parents qui attendent à l'aéroport, oeillets défraîchis à la main, le retour au pays de l'enfant prodigue, et qui arrivent toujours beaucoup trop tôt,

Pour cette vieille mémé qu'on a refusé de mettre à l'asile malgré "l'appartement-de-Beyrouth" trop étroit, et que son fils continue d'embrasser chaque soir,

Pour cette femme voilée qui fait, au mois de mai, le pèlerinage de Harissa, et que Notre-Dame ne manquera pas d'exaucer, c'est sûr,

Pour ces infirmières de nuit un peu inutiles parce qu'on ne quitte pas ses proches malades, quand il fait noir,

Pour le jeune policier du carrefour qui fait semblant de rêver quand on traverse en trombe en fin, fin de feu orange,

Pour le "Ya ahla" claironnant du steward des Lignes du Cèdre qui nous accueille sur l'avion de Beyrouth, et qui éloigne, à lui seul, toute la froideur de l'Occident,

Pour cet automobiliste souriant en trois-pièces cravate qui, un soir de Nouvel An très pluvieux, vous change votre pneu, sans vous demander votre numéro de téléphone,

Pour le collier de jasmin odorant que cet amant d'été passe au cou de sa belle et qui scintille sur sa peau dorée de brune,

Pour les femmes trop parées, trop blondes, trop maquillées, trop clinquantes, trop tout, mais si belles que c'en est indécent,

Pour ce soleil lumineux de janvier qui nous fait douter que la tempête terrifiante de tout à l'heure ait vraiment eu lieu,

Pour la voix si triste de Feyrouz qui réveille en nous une âme enfouie de villageoise d'opérette,

Pour l'odeur de la "mankouché" du matin qui est, tout le monde vous le dira, bien plus qu'une galette au thym, comme la traduit bêtement le dictionnaire,

Pour la "dabké" que dansent des hommes de Baalbeck, des vrais, et tant pis si les androgynes sont à la mode,

Pour la fierté de la grand-mère à qui on montre son premier descendant mâle, et tant pis pour l'égalité des sexes,

Pour ces cerises de juin si noires qu'elles colorent de violet les langues des enfants,

Pour le bonheur absurde de penser que plus jamais on ne dormira dans un abri,

Pour la maison d'en haut qu'on fait plus belle que l'autre, la citadine, parce que c'est là qu'au soir de notre mort, on accueillera les gens du village,

Pour la réponse sage de toutes les mamans que leurs enfants appellent et qui souhaitent, avec le sourire, qu'ils les enterrent,

Pour les soirs de juin sur la terrasse de Zahlé, pour la vigne de septembre qui finit par nous offrir une grappe, pour les gardénias de mai, pour l'odeur mouillée de la terre après la première pluie, pour ce soir à Baalbeck, pour ne pas avoir froid, pour ne pas avoir peur, pour ne pas vivre seul, pour...

* Lettre écrite à mon fils Joseph, qui, comme tant d'autres jeunes du Liban, désire partir pour d'autres cieux."
5 Comments:
  • At ٦/٢/٠٥ ١:٥١ ص, Blogger BLUESMAN said…

    سلام
    في المغرب نقول دائما: الله يسمح لنا من الوالدين.
    بقراءة هذا النص يمكن ان أقول شيئين
    الأول أن اصعب واقسى اللحظات هو رؤية أم تودع ابنها المسافر والغريب ان هاته التجربة تعيشها الام وكأنها المرة الأولى حتي وان تكررت كل سنة وشخصيا اعيش سنويا هاته التجربة وانا اري والدتي تودع اخوتي القاطنين في الخارج
    أما الأمر الثاني وهو ان متعة حياتنا اليومية تتكون من الاشياء الصغيرة التي تم تعدادها في هذا النص والتي لا نولي لها في غالب الاحيان اي انتباه بحكم ادراجها في حكم العادي ولا تبرز لنا اهميتها إلا عند فقدانها

     
  • At ٦/٢/٠٥ ١:١٥ م, Blogger ZouNazar said…

    mabrouk

    http://arablogger.com/index.php/news/239

     
  • At ٦/٢/٠٥ ١:٢١ م, Blogger Eve said…

    ريحان.. فعلاً، فلكلّ بيئة تفاصيل صغيرة تتفاعل معها بطريقتها الخاصّة... بالمناسبة، سلامتك، هل أنت أفضل حالاً اليوم؟

    ZouNazar,
    thank you :-)

     
  • At ٦/٢/٠٥ ٢:١٢ م, Blogger BLUESMAN said…

    سلام
    شكرا اشعر انني افضل حالا اليوم

     
  • At ٧/٢/٠٥ ١١:٥٦ ص, Blogger Eve said…

    Thx Papillon, that's sweet of you. And yes, of course you can add me, walaw :-)

     
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