Aussi cramoisies qu'une orange pourrie au fond d'un panier, ses lèvres s'auto- déchirent. Les canines enfoncent leur pointe dans la chair dépourvue de sa peau, s'implantent plus fort, à la façon d'un pieu qu'on essaie, à plusieurs reprises, de clouer au centre de la main. Elles déchiquètent la surface piétinée, où un flot de sang commence à jaillir. Elle passe sa langue sur cette nudité enflammée: un goût amer la pique au fond de la gorge. Plus question de revenir sur ses pas maintenant. Fermant les yeux, elle fait tomber une seule goutte salée qui vient rejoindre le mélange de sang et de salive de tout à l'heure. Puis, du revers de la main, elle s'essuie les lèvres et avance. Tout en marchant, elle continue de cracher le liquide noirci, un sentiment de nausée lui soulevant le cœur. Elle a mal, surtout dans les yeux. Tout au bout de ses peines, là-haut, par-dessus la forêt pluvieuse qu'elle vient de quitter, elle arrive enfin et s'écroule sur le sol mouillé. A travers le brouillard qui règne sur cette montagne abandonnée, elle ouvre sa cage et libère un vol d'hirondelles. Un quasi-sourire se dessine sur le bleu de sa bouche. Il ne fait plus froid. Paisiblement, elle ferme les yeux. |
just for the record, there is no connection, whatsoever, between the word "orange" I wrote up there, and your weird association, sect or cult... that, of course, presuming you have read my post!